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L’agglomération de Nîmes doit-elle se doter d’une ZFE

aussi ambitieuse que Montpellier ?

 

La Cour de Justice de l’Union Européenne a condamné la France en 2019 pour son incapacité à protéger ses citoyens contre la pollution de l’air, responsable de près de 48 000 décès prématurés par an.

La Loi d’Orientation des Mobilités de 2019 s’est inspirée de l’expérience de pays européens pour instaurer les zones à faibles émissions (ZFE). Une ZFE est un périmètre dans lequel la circulation des véhicules les plus polluants est limitée ou interdite. Cette loi s’impose à toutes les agglomérations de plus de 100 000 habitants, avec une quinzaine de métropoles dès 2022.

La mise en place des ZFE est très souple. C’est la collectivité territoriale qui décide du périmètre géographique, des véhicules concernés, des modulations horaires, des dérogations octroyées. Les règles peuvent être progressives dans le temps.

Montpellier a mis en place sa ZFE au 1er juillet 2022. Pour Nîmes Métropole, ce sera en 2025.

Montpellier a fait un choix très ambitieux en choisissant un périmètre très large et des mesures applicables 7 jours sur 7 et 24 h sur 24. Dès le 1er juillet 2022, onze communes sont concernées : Montpellier, Castelnau-le-Lez, Clapiers, Grabels, Jacou, Juvignac, Lattes, Le Crès, Pérols, Saint-Jean-de-Védas et Villeneuve-lès-Maguelone. En 2026, le dispositif englobera les 31 communes de la métropole.

Les véhicules sont différenciés selon leur niveau d’émissions de polluants atmosphériques via le système des vignettes Crit’Air. Ces vignettes vont de 5 à 1 ainsi que la vignette réservée aux véhicules 100% électriques ou à hydrogène. Plus le numéro de certificat est élevé, plus le véhicule émet de polluants.

Les interdictions sont progressives. A partir de 2028 les véhicules diesel seront interdits dans la métropole de Montpellier sauf sur certains itinéraires.

Alors faudra-t-il que Nîmes soit aussi ambitieuse que Montpellier ?

Pour

La pollution atmosphérique a un coût direct et indirect de 84 M€ par an sur l’agglomération de Nîmes. (Health costs of air pollution in European cities and the linkage with transport). Cette situation alarmante mérite une réponse radicale.

La première phase pourrait comprendre les communes qui génèrent le plus de trafic : Caveirac, Milhaud, Langlade, Carensac, Caissargues, Bouillargues, Marguerittes, Poulx, Garons et Manduel.

Contre

Le diagnostic du Plan Climat Air Energie de Nîmes Métropole (juin 2021) nous indique que l’ensemble de polluants atmosphériques ont diminué entre 2010 et 2017, entre -22% et -33%. La suppression des chaudières à fioul domestique, des cheminées ouvertes, l’interdiction du brûlage des végétaux, le remplacement des vieux véhicules diesel expliquent les progrès réalisés.

Il convient de poursuivre ces améliorations avec des ZFE ciblées en fonction de la situation de chaque commune et des alternatives à la voiture individuelle disponibles.

Pour

La ZFE va entrainer un report massif vers les modes sobres de déplacement (transports en commun, vélo, marche à pied). Ce changement dans nos habitudes de déplacement est indispensable tant pour la qualité de l’air que pour réduire nos gaz à effet de serre. La Métropole de Montpelier propose de nombreuses alternatives à la voiture individuelle : gratuité des transports en commun, un réseau de tramway et de bus très dense, un réseau express pour les vélos. Nîmes a certes pris du retard sur sa voisine, mais elle est en mesure de conforter ces priorités dans les années à venir.

Contre

Montpellier dispose d’un réseau de transport en commun très performant qui dessert les communes périphériques. Il faudrait une vingtaine d’années pour que Nîmes offre un niveau de desserte aussi performant. Or la situation financière de l’agglomération de Nîmes limite significativement ses investissements.

Il semble plus efficace de réduire les déplacements en voiture particulières par des opérations d’urbanisme. Des opérations de démolition-reconstruction ou de rénovation de nombreux bâtiments inoccupés ou sous-occupés en particulier dans les faubourgs de Nîmes permettront de mettre un frein à la périurbanisation. La commune de Nîmes a en effet perdu 1086 habitants entre 2013 et 2019.

Pour

Afin que les restrictions soient acceptables et proportionnées, il conviendra de prévoir des dérogations comme à Montpellier : des itinéraires dérogatoires où tous les véhicules pourront circuler : accès aux parkings relais, aux zones d’activités, itinéraires de traversée (RN 113, RN 106, …), dérogations pour les véhicules de collection, les petits rouleurs (moins de 8000 km par an) et certains véhicules professionnels.

Contre :

C’est une politique qui va accroître les inégalités. Les riches pourront acheter une voiture électrique et continuer à se déplacer sans retenue. Les citoyens aux revenus modestes seront condamnés à rester petits rouleurs.

Sans conclure :

L’instauration des zones à faibles émissions à Nîmes promet des débats passionnés. Gageons que Nîmes Métropole saura organiser une véritable concertation, sans projet prédéfini, afin de construire ensemble les mesures les plus équitables.

 

 

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