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Quel bilan tirer de 20 ans d'urbanisme à Nîmes ?

Faire le bilan de 20 ans d’urbanisme à Nîmes, c’est faire un bilan de mandat de Jean Paul Fournier, se présentant lui-même comme un « maire bâtisseur », à la tête de la ville comme à celle de la communauté d’agglomération, de sa création jusqu’en 2014. Adjoint à l’urbanisme de Jean Bousquet avant 1995, il souhaite inscrire son action dans la continuité de cette période.

Pour :

La politique suivie se fonde sur des gestes architecturaux emblématiques. Nîmes a fait appel à des grands noms de l’architecture et du paysage afin que ses principaux bâtiments et espaces publics soient les moteurs de la qualité urbaine de la ville : Norman Foster pour le Carré d’Art (sous le mandat de Jean Bousquet),  Alain Marguerit pour l’espace Arènes-Esplanade- Feuchère, Jean Michel Wilmotte pour les allées Jean Jaurès, Elizabeth de Portzamparc pour le Musée de la Romanité, Antoine Grumbach pour le quartier Hoche-Sernam. Le recours a des cabinets prestigieux garantit la qualité et l’originalité des ouvrages et aménagements réalisés. Cette exigence de qualité s’est aussi exprimée lors des réaménagements des espaces publics engagés avec la création des lignes de TramBus.

Contre :

Vingt ans de gestion urbaine depuis les débuts du XXIe siècle révèlent l’inadaptation des politiques publiques au défi climatique et environnemental, à l’exigence d’une ville partagée par tous, à une vision intercommunale d’avenir.

De nombreux concitoyens font observer le profond décalage entre une bétonisation à outrance et les records de température à Nîmes (44,4° en juin 2019). Ou encore entre la poursuite de l’étalement urbain et l’impératif de végétalisation intra-muros. Ils et elles remarquent aussi l’absence de trottoirs pour les piétons dans certains quartiers, le kilométrage réduit et le manque de continuité des pistes cyclables, des transports en commun datant du siècle précédent.

Pour :

Le projet Hoche Sernam, grand projet de requalification urbaine a reçu  le Prix National « Requalification urbaine » de l’appel à projet EcoQuartier en 2011 et la Marianne d’Or du développement durable en 2012. Le quartier conjugue des équipements universitaires, des logements dont 20% de logements sociaux ainsi que des logements étudiants, une cité de la musique et de la danse, un gymnase.

Nîmes est une commune qui a su préserver et valoriser de grands espaces naturels urbains ouverts au public comme le Bois de Espeisses, le parc des Terres de Rouvière et demain le Parc Jacques Chirac. Le rôle de ces espaces ouverts de proximité a montré sa pertinence pendant les périodes de déplacements limités.

Contre :

Près de 40 000 habitants des quartiers populaires – Chemin-Bas, Mas-de-Mingue, Pissevin, Valdegour - témoignent de ce que Nîmes est devenue l’une des villes les plus pauvres et les plus inégalitaires en France. Ces quartiers étaient dans les années 1960 un signe de renouveau urbain. Depuis 20 ans, leur gestion a conduit à la dégradation du bâti et à l’isolement social (commerces, transports, services de santé …), d’où une forte croissance de l’insécurité. Le projet de rénovation (ANRU), sans être négligeable, ne s’attaque pas aux raisons profondes de cette situation : l’exclusion économique, le chômage, la précarité, les difficultés d’insertion des jeunes …

Ce n’est pas l’urbanisme qui est principalement en cause, c’est la question sociale.

Pour :

Au Nord, les quartiers de garrigue constituent une caractéristique spécifique de la ville. Il convenait de préserver ces quartiers. C’est donc au Sud que les extensions urbaines se sont structurées au-delà du boulevard Salvador Allende puis de l’autoroute A9.

Les zones d’aménagement ont fait la part belle aux activités économiques afin d’offrir aux entreprises des conditions d’accueil plus attractives et fonctionnelles que les quartiers du centre ou des faubourgs. Dans la lutte contre l’étalement urbain, le territoire de la commune, très grand en superficie (162 Km2), est un atout. Il permet de continuer à accueillir des populations et des emplois, et de ne pas fonder le développement de la ville sur des communes périphériques moins faciles à desservir efficacement en transports en commun.

Contre :

Faut-il penser Nîmes comme en 1950 ? La Chambre régionale des comptes pointe dans un récent rapport une lacune essentielle du développement urbain : il n’y a pas de Plan local d’urbanisme à l’échelle de l’agglomération. Chaque commune élabore son Plan d’urbanisme indépendamment des autres alors que les transports en commun sont intercommunaux, tout comme le Plan local de l’habitat et du logement, la gestion des ordures ménagères ou le traitement de l’eau, la construction des équipements sportifs et culturels…

Devons-nous rester dans une sorte de Moyen-âge, avec une ville centre orgueilleuse de sa seule romanité (le siège du suzerain) et des communes de second rang (les vassaux) ? Ou bien construire ensemble une vision pluricommunale du développement de Nîmes et des 38 communes de l’agglomération ?

Sans conclure :

De cet échange contrasté, il ressort d’un côté un bilan flatteur d’opérations et de projets qui embelliraient la ville, de l’autre un semis de réalisations sans continuité, qui traduiraient l’absence de vision à l’échelle d’une agglomération.

Et vous, qu'en pensez-vous ? Ces deux décennies laissent-elles une trace architecturale massive, héritée de l’urbanisme du XXe siècle ou bien sont-elles le signe d'un engagement dans la transition ? N’a-t-on pas négligé la place des habitants et la notion de proximité ? Quels sont pour vous les  marqueurs de ces 20 années d'urbanisme nîmois ?