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Faut-il abandonner le pari d'un développement

fondé sur le tourisme ?

La pandémie de l’année 2020 a conduit à un recul inédit de toutes les activités touristiques. Nîmes n’a pas échappé à ce marasme. La Covid 19 est donc l’occasion de se réinterroger sur la place du tourisme comme moteur principal du développement de la ville.

Pour :

De Venise à Barcelone, de Florence à Lourdes, le confinement a réduit de manière drastique les flux touristiques et esquissé en même temps de nouvelles pratiques, favorables à la transition vers un tourisme soutenable. La crise sanitaire constitue paradoxalement un choc salutaire pour lutter contre le surtourisme, apparu au cours des dernières décennies. Par exemple Lourdes, troisième lieu de pèlerinage au monde, a créé le premier pèlerinage virtuel, « Lourdes United ».  En Thaïlande, l’environnement naturel, faune et flore, a été régénéré par la fermeture des parcs, hier submergés par un tourisme de masse incontrôlé. Le pays envisage de fermer ces sites chaque année pendant quelques mois, afin d’en améliorer la conservation.

À une autre échelle, le cas de la ville de Nîmes constituerait-il un contre-exemple ? Depuis les années 1980, où le patrimoine monumental était considéré comme « l’or gris », jusqu’au début des années 2000 où la gestion de ce même patrimoine est confiée à la société Culture espaces, le développement urbain se focalise autour de la ressource touristique. Au point que l’on pourrait parler de monoculture touristique : un modèle économique fragile, comme le sont les modèles de monoculture industrielle. La pandémie a conduit à la suppression des produits dérivés du patrimoine et des grands évènements, tels que les Grands jeux romains, les Nuits de Nemaus, voire les Férias ou les concerts de l’été, entrainant l’appauvrissement des acteurs du commerce et de la culture.

Contre :

La Ville de Nîmes peut-elle se passer du tourisme pour assurer son développement économique et social ? Sûrement pas. Les bénéfices du tourisme ne se résument pas aux seuls emplois engendrés dans l’hôtellerie, la restauration, le commerce, les musées, ses manifestations. Le tourisme est l’un des principaux vecteurs de l’image d’une ville et de son attractivité.

Son patrimoine, son esthétique, ses rendez-vous culturels invitent à découvrir notre ville. Ils constituent des atouts précieux pour attirer de nouveaux habitants et des entreprises. De nombreuses décisions d’implantation d’entreprises sont autant liées à l’attachement personnel du dirigeant qu’à des critères de commodités offertes. .

Pour :

Une ville qui mise essentiellement sur le tourisme est contrainte de renforcer son attractivité, au prix d’une planification urbaine peu contraignante et de survaloriser les grands projets (Palais des congrès, opération Magna Porta …). L’échec de la candidature de Nîmes au Patrimoine mondial de l’Unesco, placée sous le signe de L’Antiquité au présent est lié notamment au risque de pression touristique excessive, qui, comme à Florence, entraînerait une dénaturation du centre historique (locations saisonnières, marchandisation). Il faut sortir des anciens schémas de développement à court terme si l’on veut allier tourisme et transition écologique et économique.

Contre :

Le tourisme est une vitrine pour les produits locaux. Il contribue au développement de nos exportations. Il faut donc appréhender le tourisme non pas comme un secteur d’activité à part, mais comme une économie de soutien à l’ensemble des autres secteurs d’activité (agriculture, industrie, services). Ce sont les interdépendances vertueuses qu’il convient d’exploiter afin que les bénéfices soient partagés

Sans conclure :

Considérer le tourisme comme un secteur d’activité autonome et prioritaire est une approche qui présente de nombreux risques, notamment pour l’environnement et la vie des résidents permanents. La pandémie nous a aussi montré qu’il est un modèle économique très fragile.  Il convient aujourd’hui  d’intégrer une vision raisonnée du tourisme comme un axe complémentaire de développement économique et sociale d’une cité et non comme son principal moteur d’activité. Son rôle de vecteur d’image d’une ville doit être au service de l’ensemble des produits et services que celle-ci entend offrir.