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Et si Nîmes devenait aussi une ville des proximités ?

L’expérience des confinements a remis en avant l’idée de la ville des proximités, nouvelle forme d’urbanité initiée à Portland à la fin des années 2000. (20-Minute Neighbourhoods).

De quoi s’agit-il ? L’objectif est de réduire les déplacements polluants en ville et améliorer la qualité de vie. Acheter du pain, amener ses enfants à l’école, consulter un médecin, se rendre à la pharmacie, aller au parc avec ses enfants, prendre les transports en commun… voilà autant de raisons pour un habitant de se déplacer au quotidien.

Si ces services sont éloignés, l’usage de l’automobile devient un réflexe, voire une nécessité. Pour que plus de personnes se déplacent à pied ou en vélo, l’ensemble des services du quotidien doit se trouver à proximité. On parle de la ville du quart d’heure à pied. Des grandes métropoles comme Paris, Ottawa, Copenhague ou Melbourne engagent des démarches en ce sens, tout comme Rennes et Orléans à une moindre échelle.

Alors est-ce une bonne idée pour Nîmes ?

Pour :

Tout ce qui conduit à réduire l’usage de la voiture doit être mis en œuvre. Le diagnostic de Plan Climat Air Energie lancé par Nîmes Métropole et publié en juin 2021 indique que les déplacements en voiture représentent 60% des déplacements dans Nîmes hors hypercentre et 73% dans le reste de l’agglomération. Pour réduire cette habitude, il ne suffit pas d’assurer la mobilité sur des modes plus sobres (covoiturage, transport en commun, vélo, voiture électrique …). On peut aussi organiser la ville pour que chaque quartier bénéficie d’un socle de services.

Contre :

Ce n’est pas en créant quelques commerces et services de proximité que l’on va avoir un réel impact sur les déplacements. Les nouvelles habitudes de consommation constituent des changements majeurs : courses en drive, livraisons de repas à domicile, achats en ligne. Ces évolutions auront un impact sur la répartition des commerces et services dans la ville. Certes, la progression du télétravail a induit un intérêt plus soutenu pour les commerces de quartier, mais il n’est pas certain que ce phénomène s’inscrive de manière significative dans la durée.

Pour :

La ville des proximités est aussi le moyen de faciliter la vie quotidienne des personnes qui n’adoptent pas un mode de vie hyperconnecté et hypermobile, par contrainte ou par choix. Les personnes âgées, les parents avec enfants sont en attente de services accessibles.

Les habitants manquent aussi souvent d’espaces agréables dans leur quartier pour se déplacer ou séjourner en sécurité, avec des enfants par exemple. Les trottoirs ne sont pas assez larges pour pouvoir cheminer ou se croiser sereinement. De nombreux quartiers ne disposent pas d’espaces verts ou d’aires de jeux.

Contre :

Imaginer remettre des petits commerces et des services dans de nombreux quartiers qui en sont dépourvus est un non-sens. Le nombre de rideaux baissés en ville comme dans certains villages montre que les habitudes de consommation d’aujourd’hui ne permettent plus d’assurer l’équilibre financier de petites structures. Il est à parier qu’aucun candidat ne viendra s’installer dans les quartiers de garrigue en dehors des grands axes.

La ville des proximités n’est envisageable qu’avec une certaine densité de population. Par ailleurs, l’enjeu n’est-il pas dans les communes périphériques, où de nouvelles formes de proximité restent à inventer ?

Pour :

La ville des proximités est aussi celle qui permet le retour à une véritable vie de quartier, à des liens sociaux qui se nouent lors des achats dans les commerces ou les moments passés dans les espaces publics ou les salles communes qui accueillent des activités. L’école est souvent un vecteur majeur pour rencontrer de nouvelles personnes et se faire des amis. Pour Paris, l’école est la « capitale du quartier », son lieu central. Les élus les rénovent et les végétalisent. « Elles seront ouvertes en dehors des horaires scolaires afin d'accueillir les habitants qui pourront y trouver des activités ludiques, sportives, culturelles ». Comment peut-on recréer de tels lieux de rencontre lorsque le quartier ne dispose pas d’école ?

Contre :

Les liens sociaux ne se construisent plus aujourd’hui dans les quartiers. Il suffit de regarder les forces vives des comités de quartier : une population âgée à laquelle se mêlent peu les nouvelles générations. Le travail, les activités de loisirs, les réseaux sociaux sont les principaux vecteurs de rencontre aujourd’hui.

Par ailleurs pour créer un espace vert, une salle d’association, un commerce ou un service dans le tissu urbain existant, il faut préempter des biens, démolir ou rénover. Peut-on imaginer qu’une ville comme Nîmes qui a fermé les locaux communaux de quartier en ouvrant la Maison des associations, choisisse d’investir à nouveaux dans des projets modestes répartis sur son territoire ?

Sans conclure :

S’engager dans la construction d’une ville des proximités est une démarche politique volontariste qui va à l’encontre de nombreuses tendances sociétales. La clef de la réussite passe bien sûr par une concertation avec les habitants et acteurs présents dans chaque quartier.

Si l’Agence d’urbanisme de Nîmes engageait la même démarche de cartographie que sa consœur d’Orléans, cela permettrait de partager un état des lieux pour en débattre. Un bon début. Qu’en pensez-vous ?

https://storymaps.arcgis.com/stories/e6aa014944534eb7a34609e3006df290

 

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