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 La lettre nîmoise du débat citoyen

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Depuis 40 ans, les « Politiques de la ville » ont-elles amélioré le quotidien des habitants de Nîmes  ?

Années 1960 : les grands ensembles font exploser le paysage urbain, pour répondre aux besoins en logements. À Nîmes, Chemin-Bas d’Avignon, Mas de Mingue, les ZUP de Pissevin et de Valdegour accueillent en l’espace de quelques années près de 40 000 habitants, quand la ville en compte un peu plus de 80 000. Relogés du centre insalubre, rapatriés d’Algérie, venus d’autres régions ou de l’étranger pour travailler (aéroport, autoroutes, Fos-sur-mer, etc.) 

Avec l’irruption de la crise en 1975, ces nouveaux quartiers en subissent de plein fouet les conséquences : chômage, dégradation de la vie sociale, petite délinquance, etc.

Comme si la seule nature de l’habitat était en cause, on adopte des mesures censées améliorer le bâti. Les sigles s’accumulent : HVS - Habitat et vie sociale dès 1977 au Mas de Mingue, DSQ – Développement social des quartiers en 1982 pour Valdegour-Pissevin et centre-ville, Banlieue 89 pour Pissevin, Contrat de ville au milieu des années 1990, ZFU – Zones franches urbaines et GPV – Grands projets de ville à l’aube de l’an 2000. Jusqu’à l’ANRU – Agence nationale de rénovation urbaine, aujourd’hui : Valdegour-Pissevin, Gambetta, Richelieu, Route d’Arles, Chemin bas d’Avignon, Mas de Mingue. Avec des actions sur le bâti et la vie sociale, l’emploi, l’éducation.

Pour :

Pour les habitants, la politique de la ville signifie des crédits pour la vie associative de proximité. Ces financements permettent à une petite structure associative visant l’émancipation, le montage de projets artistiques, éducatifs, culturels, en toute liberté dès lors que les objectifs, respectant les orientations nationales, sont clairement exprimés et correctement envisagés (faisabilité, rigueur, qualité des bilans) dans des dossiers de demande de financement annuels ou pluriannuels, un peu fastidieux mais accessibles.

Contre :

Si les quartiers sont vus comme des lieux de vie et de solidarités, ils sont trop souvent considérés sous l’angle de leurs manques,  non de leurs ressources et de leurs potentialités. Par ailleurs, les politiques de la ville représentent à peine 1% du budget de l’État pour 7% de la population. L’on dépense moins pour les habitants des quartiers populaires que pour ceux des centres villes. D’où le maintien d’inégalités sociales corrigées seulement à la marge et sources d’une ségrégation urbaine accentuée.

Pour :

Mais pour réduire cette ségrégation, les habitants d’un quartier comme le Chemin-Bas d’Avignon participent dans leurs associations à l’élaboration des programmes d’activités avec l’ensemble des membres du conseil d’administration, nîmois d’origine ou issus de l’immigration. S’instaure ainsi un dialogue entre bénéficiaires et bénévoles, favorisant une véritable participation des habitants à l’échelle de la proximité. Ce mécanisme, mis en mouvement par des citoyens engagés, désintéressés, permet à l’énorme machine nationale Contrat de Ville de fonctionner.

Contre :

Peut-on parler de reconquête de la citoyenneté ? L’objectif du gouvernement de réduire les écarts de développement au sein des villes pour restaurer l’égalité républicaine est loin d’être atteint. La réhabilitation des immeubles ou leur destruction, la création d’espaces publics, transforment l’image des quartiers, mais ne permettent pas de rétablir la mixité sociale disparue. Les habitants qui déménagent sont souvent remplacés par d’autres familles en difficulté.

Pour :

Cependant les habitants, qu’ils soient jeunes ou seniors, installés depuis plusieurs générations ou arrivés récemment, expriment les mêmes besoins d’accès à l’emploi, aux services d’éducation, de santé : la concertation au sein d’une association favorise le dialogue, la compréhension des points de vue (religieux, culturels), invite à la remise en question pour mieux vivre ensemble, favorisant ainsi une expérience de mixité enrichissante, malgré les difficultés de communication.

Sans conclure :

Les Conseils citoyens sont-ils des lieux de reconquête ? Ils regroupent représentants des commerçants, des associations, des habitants. Nîmes a choisi de solliciter seulement les citoyens inscrits sur les listes électorales, ce qui exclut de fait les habitants de nationalité étrangère. Dans d’autres villes, les listes d’abonnés EDF ont permis d’élargir le recrutement.

Les Maisons de projets installées à Pissevin-Valdegour, au Chemin-bas-d'Avignon et au Mas de Mingue  pour informer les habitants et "co-construire" avec eux les politiques de renouvellement urbain leur donnent-elles de réelles  "capacités d'agir" ? Autrement dit, renouvellent-elles les formes de participation à l'amélioration de leur cadre et de leur qualité de vie ?

Et vous, qu’en pensez-vous  ?