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Le Plan Climat Air Energie Territorial de 2024 va-t-il bouleverser

les politiques de Nîmes Métropole ?

 

Nîmes Métropole a finalisé son plan climat air énergie territorial (PCAET) en mars 2024. Ce document est issu de la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) d’août 2015.

Il se décline en 4 ambitions et 10 axes qui répondent aux enjeux identifiés dans le diagnostic. Il repose sur 103 actions pour la période 2023-2029.

Pour y voir clair dans ce volumineux dossier que peu de nos concitoyens ont lu, nous avons demandé à deux experts de nous éclairer sur ce que cela va changer dans les politiques conduites par notre agglomération. Claire Touchange et Olivier Toussapoursa ont accepté de répondre à nos questions.

Que pensez-vous des objectifs retenus par ce plan ?

Claire Touchange :

Les objectifs retenus par nos élus sont très ambitieux. Ce plan va atténuer le réchauffement en développant la séquestration carbone et en réduisant les effets des gaz à effet de serre. Il entend également préserver la qualité de l’air et réduire la vulnérabilité du territoire aux effets du changement climatique. Des progrès considérables sont prévus pour l’industrie, les logements et le transport. La sobriété se traduira par exemple par une baisse de 16% de la consommation d’énergie dans les transports de personnes et de 12% pour les logements à l’horizon 2030 par rapport à 2018.

Olivier Toussapoursa :

Ces objectifs sont nécessairement ambitieux car ils doivent respecter les objectifs nationaux qui s’imposent à tous. Le Préfet aurait refusé des objectifs moins ambitieux.

Mais c’est très facile de les écrire sur papier.

La bonne question est de savoir si ce sont des vœux pieux ou si l’on se donne vraiment les moyens de les atteindre ?

Par ailleurs, l’Inspection Générale et du Développement Durable "recommande d’actualiser le diagnostic du PCAET afin que celui-ci repose sur les données les plus récentes et les plus précises." On peut s'interroger sur la pertinence d’actions qui reposent sur des données datant pour certaines d'avant les années 2020. Les connaissances scientifiques sur les changements climatiques évoluent. On sait par exemple que l’Occitanie se réchauffe plus vite qu’à l’échelle mondiale.

 

Qu’est-ce que ce plan va changer dans les politiques conduites par Nîmes Métropole ?

Claire Touchange :

Toutes les politiques menées par la métropole seront impactées par les quatre ambitions retenues : «Vers un territoire à énergie positive, « Vers un développement économique bas carbone et équilibré, « Vers un territoire adapté et sobre pour un futur désirable», « Vers une agglomération animatrice de la transition écologique».

Comme l’indique Bernard Angelras, vice-président en charge de ce dossier : « l’élaboration d’un premier « budget vert » pour 2025 a déjà démarré en interne. Retenue par l’ADEME dans le cadre d’un Appel à manifestation d’intérêt, l’Agglo bénéficiera de l’aide d’un expert dans la définition d’une organisation et d’une méthodologie partagée. Les dépenses de l’Agglo seront désormais analysées avec une prise en compte des impacts environnementaux. »

 

Olivier Toussapoursa :

Je note dans le plan une action nouvelle : « Informer, sensibiliser et former les élus et les agents aux enjeux de la transition (action nouvelle) ». C’est très étonnant qu’en 2024 on en soit encore à sensibiliser et former nos élus et nos fonctionnaires.

Comment se fait-il que face à des enjeux aussi importants, nous soyons si en retard ? Cela veut dire que les changements de pratique ne seront pas immédiats.

Je constate également que pour le budget vert l’engagement est de ne pas aller trop vite « Mise en œuvre de la démarche a minima pour les préparations budgétaires 2025 et 2026 ».

Comment croire que nous allons assister à des changements majeurs dans les choix et dans les usages si l’on part de loin avec des moyens limités ?

 

Pensez-vous que ces objectifs seront atteints grâce aux 103 actions détaillées dans ce plan ?

Claire Touchange :

Bien sûr, il n’est pas certain que tous les objectifs seront atteints, mais une réelle dynamique est lancée. Prenons quelques exemples :

Olivier Toussapoursa :

Toutes ces actions vont en effet dans le bon sens. Certaines étaient d’ailleurs dans les cartons avant le vote de ce PCAET. Le contrat avec Veolia prévoit depuis 2019 un rendement des réseaux de 80% dès la fin 2027. Un objectif plus ambitieux aurait pu être fixé pour 2030.

Nîmes Métropole dispose de leviers d’actions sur ces domaines de compétence : transports en commun, eau et assainissement, gestion de son administration et son patrimoine immobilier, etc.

Mais il n’est pas certain que les impacts des actions où elle a la main suffisent pour atteindre les objectifs très ambitieux de ce plan.

On peut regretter qu’en matière de préservation du potentiel agricole aucune action ne vise à sanctuariser les surfaces irriguées qui continuent d’être grignotées par l’urbanisation. Cela aurait pu être une condition pour accorder des aides aux investissements des communes.

Dans le plan, l’impact attendu de chaque action ne fait l’objet d’aucune évaluation comme le regrette l’Inspection Générale et du Développement Durable dans son avis de février 2024. Les indicateurs de suivi indiquent des mesures de la concrétisation des actions mais pas leur contribution aux objectifs annoncés de réduction des gaz à effets de serre et des pollutions. Cela aurait permis une meilleure hiérarchisation des ces actions, et donc de concentrer les moyens en priorité sur les actions les plus déterminantes.

 

Claire Touchange :

Je vais vous prendre un autre exemple. Nîmes Métropole a été reconnu « Territoire engagé pour la nature » pour la période 2019-2022. Elle a décidé de reconduire son engagement à travers trois nouvelles actions sur la période 2022-2025. L’une d’elle consiste à accompagner les communes dans la végétalisation de leurs espaces publics afin de rafraîchir et de renaturer les villes.

 

Olivier Toussapoursa :

En août 2023 l'Agence d'urbanisme Nîmes Alès a en effet animé à l'intention des élus et techniciens un échange sur le réaménagement des cours d’école comme levier d’adaptation au changement climatique, afin d’en faire des îlots de fraîcheur.

Où en est-on aujourd'hui, un an après ? La mise en œuvre de ces travaux témoignerait d'une réelle volonté politique d'avancer dans l'adaptation aux changements climatiques.

 

Sans conclure :

Les résultats du Plan Climat Air Energie Territorial seront-ils à la hauteur des ambitions ? C’est la question que chaque citoyen est en droit de se poser.

Nîmes Métropole s’est engagée dans la labellisation « Territoire Engagé pour la Transition Ecologique Climat Air Energie » de l’ADEME. Espérons que cela permette une évaluation objective des avancées obtenues et des freins rencontrés au fur et à mesure du déroulement de ce plan.

Pour accéder à tous les documents du PCAET : https://www.nimes-metropole.fr/eco-citoyennete/pcaet.html

 

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