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Photo du Mas Larrier en travaux

 

Magna Porta : projet économique du siècle ou naufrage écologique ?

 

Accompagnant la gare TGV Nîmes-Pont du Gard, opérationnelle depuis décembre 2019, Nîmes-Métropole a mis sur les rails un projet de territoire, Magna Porta, qui a défrayé la chronique par son ampleur, 160 hectares, sa nature, mariant agriculture, industrie, technologie de pointe et loisirs. Et son coût : plus de 45 millions d'euros …

 

Pour :

Magna Porta, c’est d’abord un futur quartier, trait d’union entre la ville-centre et la gare TGV Nîmes-Pont du Gard. C’est la porte d’entrée d’une reconquête économique. Dans les 15 à 20 ans à venir, on peut y développer 3000 à 4000 emplois. Dans les secteurs industriels innovants, tout en préservant la filière agricole, mais aussi dans les secteurs touristique, culturel et tertiaire.

Pour l’agglomération, « la gare TGV devait modifier « à l’horizon 2020 les comportements, les habitudes et habillera de neuf notre économie. Les élus communautaires ont saisi cette occasion pour susciter un projet de territoire, générateur de valeur ajoutée et d’opportunité d’emplois. » Magna Porta, demeure le projet d’avenir de Nîmes Métropole en 2022 (Conseil communautaire du 4/04/2022). 

 

Contre :

La gare TGV Nîmes-Pont-du-Gard existe. Deux ans après sa mise en service à 12 Km du centre de Nîmes et au croisement de la ligne classique et de la LGV, on constate que ce nouvel équipement n’a pas densifié le réseau public des transports. Il n’a pas polarisé de nouvelle activité économique, sociale ou culturelle.

La question de la liaison avec la gare de Nîmes-centre n’est pas résolue. Pas plus que n’a avancé le contenu du projet Magna Porta, si l’on excepte la rénovation du Mas Larrier, ancien bâtiment agricole devant accueillir un restaurant, des entreprises et des boutiques touristiques.

Le président de l’agglomération en convient lui-même, cette rénovation a été exorbitante : plus de 6 millions d’euros pour un bâtiment acheté 835 000 euros. De plus la bâtisse n’est pas très fonctionnelle pour accueillir un restaurant ou des entreprises.  

 

Pour : 

Magna Porta, projet porté par l’ancienne présidence de Nîmes métropole (Yvan Lachaud) avait prévu d’accueillir  un parc à thème. La Compagnie des Alpes estime aujourd’hui qu’en raison de la crise sanitaire, les conditions ne sont pas remplies pour se lancer dans un nouveau projet.

Cette prudence est partagée par le nouveau président (Franck Proust). Il se laisse l’année 2022 pour réfléchir à l’opportunité d’un parc à thème sur la romanité.

Le projet Magna Porta doit être ajusté au nouveau contexte sanitaire et géopolitique que nous connaissons, afin d’assurer son succès.

 

Contre :

Le projet était mirifique : réparti sur 10 km le long de la Via Domitia. Devait s’ouvrir un parc aquatique, associant eau, mythologie et romanité. Mais de 160 hectares prévus à l'origine, on est passé aujourd'hui à 60 hectares sur Manduel, sans espoir d'y voir un quelconque chantier démarrer avant 2026 ! Le président de Nîmes-Métropole prétend toujours que la gare Nîmes- Pont-du Gard est un outil d'aménagement du territoire. Ce serait  peut-être vrai si elle était bien desservie, proche des routes majeures.

Ce qui est sûr, c’est que l’attractivité de la ville centre a été significativement réduite par la forte réduction de la desserte ferroviaire.

 

Pour :

Elizabeth Borne, venue inaugurer le chantier en tant que Ministre des transports en 2018, avait souligné que la nouvelle gare était « une chance pour le territoire ». Le président de l’agglo se bat pour la relier au centre de Nîmes. Magna Porta, c’est aussi un souffle nouveau pour les deux communes de Manduel et Redessan, sur les plans économique et touristique. Certes, il y a les questions environnementales, mais Magna Porta impose la compensation des terres agricoles artificialisées : acquisition de friches à réhabiliter, afin de permettre aux exploitants impactés par le projet de se réimplanter s’ils le souhaitent.

 

Contre :

En 2018, les Jeunes agriculteurs du Gard, la FDSEA 30 notamment font savoir qu’ils s’opposent au choix de l’emplacement « dans une zone à fort potentiel agricole» irriguée par le réseau BRL. Ils déplorent les expropriations de viticulteurs, la mise en péril de la cave coopérative de Redessan … Comment donner envie aux agriculteurs de poursuivre leur métier si on leur enlève leur outil de production ?

En 2021, plus de 113 hectares ont été artificialisés dans l’agglo, dont la moitié pour l’habitat. Soit un tiers de plus que dans l’agglomération montpelliéraine ! On aimerait savoir quelles sont les compensations…

Alors que le gouvernement a annoncé le lancement d'un fonds de 500 millions d'euros pour la « renaturation des villes », le ministère de la Transition écologique organise une consultation publique visant à favoriser la renaturation de terrains urbanisés comme levier de « désartificialisation » dans les documents d’urbanisme. Ce qui va à l’encontre du projet Magna Porta.

 

Sans conclure :

Alors que la Région Occitanie a fixé le ZAN (Zéro artificialisation nette) à 2040 et l’État à 2050, comment Nîmes Métropole, avec Magna Porta, peut-elle s’inscrire dans cette perspective ? Et vous, les citoyens et contribuables, qu’en pensez-vous ?

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