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Nîmes doit-elle interdire, comme Haarlem,

la publicité pour de la viande ?

 

 

Un article de Reporterre nous apprend que « la ville de Haarlem, aux Pays-Bas, a décidé d’interdire les publicités pour de la viande dans l’espace public ». Cette mesure prendra effet en 2024.

Cette décision s’inscrit dans sa politique de lutte contre le dérèglement climatique. En effet, comme le rappelle l’ADEME, « chaque kilo de viande produit émet en effet 5 à 10 fois plus de gaz à effet de serre qu’un kilo de céréales ». Le système alimentaire est à l’origine de plus de 30 % des émissions de gaz à effet de serre et près de 80 % de la déforestation mondiale est par exemple causée par l’agriculture.

À Haarlem, ville de 160 000 habitants proche d’Amsterdam, il ne sera donc plus possible de voir ce type de réclames sur les écrans, abris de bus et bus. Les publicités pour les vols en avion, les voitures seront également interdites dans l’espace public.

Alors Nîmes doit-elle s’inspirer de Haarlem dans son programme de lutte contre le changement climatique ?

Pour :

Tous les moyens sont requis pour pousser nos concitoyens à changer radicalement leurs habitudes alimentaires. On ne pourra réduire notre impact sur le climat, comme sur la biodiversité, qu’en modifiant drastiquement nos régimes alimentaires. Notre pays considère encore les légumes comme un accompagnement des plats du jour dans les restaurants, alors que c’est l’inverse qui doit devenir l’usage dans les années à venir. Commencer par s’attaquer à la publicité omniprésente sur nos espaces publics est un bon début.

Contre :

Nos filières d’élevage en France souffrent déjà beaucoup des hausses des coûts des intrants (engrais, énergie, pesticides …) et de la concurrence étrangère. Réduire les publicités qui valorisent la qualité de nos produits risque d’avoir un effet inverse à celui recherché : le renforcement des premiers prix dans les supermarchés. Au moment où plus de la moitié des chefs d’exploitations doivent trouver des successeurs pour reprendre leur exploitation dans les années à venir, un tel message est mal venu.

Pour :

Cette suppression des incitations à la consommation de viande participe également à une politique de préservation de la santé. Comme le rappelle l’Organisation Mondiale de la Santé, notre modèle alimentaire, qui contient deux fois plus de viande que celui de nos grands-parents, a un impact important sur notre santé. Directement par l’effet sur notre métabolisme et indirectement par l’ingestion de substances comme les antibiotiques ou par la pollution de l’environnement engendrée. Les élevages intensifs en donnent des exemples nombreux, sans qu’il soit nécessaire de parler du bien-être animal.

Contre :

Il ne faut pas mettre tous les élevages derrière une telle caricature. De nombreux éleveurs pratiquent un élevage extensif, en tirant de leurs terres l’essentiel de l’alimentation de leurs troupeaux. Il serait plus pertinent de renforcer la règlementation pour limiter les élevages intensifs et de taxer les importations de soja issu de la déforestation. Un cahier des charges exigeant aura plus d’effet qu’une action limitée sur la publicité. Une éducation à la santé dans les écoles serait par ailleurs très utile pour former des consommateurs avertis.

Pour :

Cette initiative se conjugue avec les obligations légales.  La loi Climat et résilience de 2021, rend obligatoire un repas végétarien par semaine dans les restaurants collectifs d’une ville. A Grenoble on va plus loin : « les cantines des écoles publiques de Grenoble ont décidé de ne plus proposer que des plats végétariens à leurs élèves. Pour pouvoir manger de la viande ou du poisson, il faudra en faire la demande en amont. » (Journal des Femmes). A Paris, bientôt on proposera deux repas végétariens par semaine dans les cantines municipales. Mais les cantines ne sont pas les seules à innover. Un chef étoilé d’Annecy le vieux, Laurent Petit, se singularise : il ne propose plus de viande à la carte de son restaurant, uniquement des produits des maraichers locaux et de la pêche locale.

Contre :

Si réduire la consommation de viande est un objectif partagé, il ne pourra se faire sans dégât pour une profession déjà sinistrée qu’avec des mesures d’accompagnement afin de faciliter la reconversion des exploitations. Commencer par la publicité n’est sûrement pas le bon moyen d’enclencher une telle politique. Des mesures à l’échelle européenne à inscrire dans la Politique Agricole Commune sont indispensables.

Sans conclure :

Proposera-t-on un jour uniquement des plats végétariens dans certaines bodégas des férias de Nîmes ? On se doute que le sujet risque de diviser nos concitoyens. Mais commencer par la publicité est peut-être plus indolore. Qu’en pensez-vous ?

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