CONTROVERSE(S)

 La lettre nîmoise du débat citoyen

Actualité

Notre raison d'être

Nos lettres

Nos enquêtes

Nous contacter

Liens utiles

Faut-il réaliser un 2ème four

d’incinération des déchets à Nîmes ?

La fermeture de la décharge des Lauzières en 1999 a conduit à mettre en place une alternative de traitement des déchets conforme à la loi Lalonde de 1992.

81 collectivités se sont associées, créant ainsi une filière pérenne qui garantit la sécurité sanitaire et un coût supportable pour les usagers.

Depuis 1997, le SITOM (Syndicat Intercommunal de Traitement des Ordures Ménagère) traite les déchets de 310 000 habitants. Un traitement multi-filières est à l’œuvre : recyclage matière des collectes sélectives, compostage des déchets verts, incinération avec valorisation énergétique, mise en décharge de la part ultime.

Depuis 2003, l’unité de valorisation énergétique de Nîmes EVOLIA peut traiter 110 000 t /an. VEOLIA a construit l’usine et l’exploite pour une durée de 20 ans dans le cadre d’une délégation de service public.

En plus des apports du SITOM, l’usine accueille des Déchets d'Activités de Soins à Risques Infectieux (DASRI) ainsi qu’une part du Déchet Industriel Banal (DIB), lesquels apportent au SITOM une recette substantielle.

A ce jour, le volume de déchets du territoire du SITOM s’élève à 204 000 t par an :

*44% sont valorisés sous forme énergétique, dans le respect des normes environnementales et sanitaires, en produisant les besoins électriques d’1/5 des habitants de Nîmes et le chauffage urbain des quartiers Ouest, raccordés depuis 2015.

* 43% sont valorisés :  papiers, plastiques, métaux, verre, compost.

* 13% sont enfouis en centre de stockage : déchets ultimes non incinérables et résidus de l’incinération (mâchefers)

Coût de revient 2019 de ce traitement qui sert de base au calcul de la TEOM (Taxe d’Élimination des Ordures Ménagères) : 46,20 €/t, soit 30,39 €/hab toutes filières de traitement confondues, le plus bas du département.

Coût de revient de la tonne d’ordures ménagères incinérée : 40,36 €/t, en intégrant l’amortissement de l’investissement.

La production des déchets est en constante augmentation, conséquence de la consommation et de la croissance démographique. Le contrat d’origine a prévu, outre la première tranche en activité, une tranche conditionnelle de 40 000 t pour faire face à cette évolution. Le SITOM a voté à l’unanimité en 2009 la réalisation du 2ème four. VEOLIA est alors entré en résistance pour engager une renégociation du contrat, sans succès. A ce jour, le terme du contrat de juin 2023 ne permet pas d’engager la construction du 2ème four sans perspective d’amortissement de l’investissement pour l’exploitant. Il ne pourra se faire qu’avec le renouvellement du contrat de DSP.

L’évolution des apports entraine un risque de saturation du four existant, réduisant la part des DIB traités. De 2011 à 2019, le total incinéré atteint voire dépasse la limite autorisée des 110 000 t. De 2005 à 2019 les apports ont nettement progressé (5 679 tonnes, + 5,6%/an).

Alors que faire ? Faut-il lancer la construction de ce deuxième four ?

Pour :

Au-delà des apports du SITOM, le vide restant du four actuel ne constitue pas un matelas de sécurité suffisant pour éviter la saturation. Le traitement des déchets hospitaliers et des activités sanitaires est une nécessité qui dépasse le territoire du SITOM.

Il n’existequasiment pas d’autres solutions de traitement. Il n’y a pas de ligne de traitement de ces déchets sur les incinérateurs proches de Lunel et de Sète. La crise sanitaire du COVID augmente considérablement leur production. De plus, la recette générée par ce traitement diminue le prix de la tonne d’OM du SITOM de 7,54 € / tonne (2019).

Ne plus traiter les déchets industriels banals ferait perdre une recette substantielle au SITOM, pénaliserait les entreprises locales, qui seraient contraintes d’apporter leurs déchets à la décharge de Bellegarde.

Contre :

Avant d’investir dans un nouveau four, il est important de vérifier si l’on a utilisé tous les moyens de réduire le volume de déchets adressés à l’incinérateur. Or ce n’est pas le cas.

Le tri des déchets n’est pas mis en place dans plusieurs quartiers de Nîmes, certains sites touristiques et de nombreux établissements accueillant du public. Le compostage est très peu développé pour les logements collectifs. Les campagnes d’information et d’éducation au tri sont très insuffisantes, les composteurs collectifs restent marginaux. Le Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets limite la part incinérée sur la région à l’existant. Le Plan considère que la capacité régionale actuelle d’incinération est suffisante au regard des objectifs de prévention et de recyclage.

Pour :

La situation du traitement des déchets est préoccupante. Est en cause la capacité d’absorption des tonnages produits tant pour le territoire du SITOM que pour le reste du département. Plusieurs collectivités sont en difficulté : Gard Rhodanien, SYNTOMA, Sud Rhône Environnement de Beaucaire, Grand Alès.

Plus de 40% des investissements du 2ème four ont étés déjà réalisés lors de la construction du 1er four. Ces travaux ont été payés et amortis par la redevance mensuelle du SITOM versée à l’exploitant et refacturée à l’usager au travers de la TEOM depuis 2003.

Contre :

Même si les nouveaux incinérateurs présentent des risques de pollution mieux maîtrisés, la réalisation d’un nouvel équipement ne pourra s’envisager que si toutes les solutions alternatives sont insuffisantes ou plus pénalisantes et si les garanties apportées sont irréprochables.

Sans conclure :

La construction du second four de Nîmes ne fait pas l’unanimité. De nombreux élus n’en veulent plus ou préfèreraient le voir construire chez le voisin, ce qui pose la question de la solidarité intercommunale. Mais le problème des déchets reste aujourd’hui entier et mérite d’être posé à l’échelle du département. Une manière d’aller plus loin serait d’organiser un large débat public et contradictoire.