CONTROVERSE(S)

 La lettre nîmoise du débat citoyen

Actualité

Notre raison d'être

Nos lettres

Nos enquêtes

Nous contacter

Liens utiles

La ville est-elle faite par et pour les

Si depuis quelques années la loi sur la parité a permis que les femmes accèdent à plus de responsabilités dans les conseils municipaux et départementaux, en revanche l’espace urbain est loin d’être paritaire. Toutes générations confondues, il n’est pas vécu de la même façon par les hommes et par les femmes. La ville est-elle faite par et pour les femmes ?

Contre :

Dans l’espace public, les femmes sont invisibles. À peine 1% des noms de rues et places nîmoises porte des noms de femmes. Les arrêts de bus ne signalent que les grands hommes. Il n’y a pas de noms de femmes pour les lycées. À l’exception du théâtre Bernadette Lafont, cherchez les équipements culturels et sportifs qui portent des noms féminins. Effacer les femmes de l’histoire, c’est les cantonner à l’espace domestique et nier leur importance dans la vie publique.

Pour :

S’il est difficile de contrer ces arguments, il reste que depuis quelques années les choses commencent à changer. Le CSCS de Valdegour porte le nom de Simone Veil. Le collège du Mas-de-Mingue celui de la pionnière de l’informatique Ada Lovelace. Le lycée Dhuoda honore une femme de lettres de l’époque carolingienne. À Montpellier des noms de femmes ont été donnés à des rues de la ville : la féministe socialiste Clara Zetkin, l’écrivaine algérienne Assia Djebar ou la militante féministe française Hubertine Auclert. À Nîmes, après de longues années sans cette délégation, une élue est chargée des droits des femmes. Mais on ne saurait se satisfaire d’un rapport annuel à ce sujet devant le conseil municipal.

Contre :

Pour les femmes, dans la ville, l’insécurité n’est pas un sentiment mais une réalité. Les jeunes filles, surtout si elles se déplacent seules, pour le travail ou les loisirs, sont-elles protégées par les caméras de vidéo-surveillance, si nombreuses à Nîmes ? Les harcèlements qu’elles subissent sont-ils repérés au même titre que les mauvais stationnements ou les dégradations sur la voie publique ? En nocturne par exemple, les femmes évitent d’emprunter les zones piétonnes mal éclairées, prennent garde à leur habillement, utilisent moins les transports en commun.

Pour :

La loi de 2018 réprime le harcèlement de rue. Cependant, comme les femmes sont toujours harcelées dans l’espace public, la Ville de Nîmes a mis en place le dispositif ANGELA avec les commerçants pour lutter contre ce phénomène. Les collectivités soutiennent les initiatives des associations d’information ou de solidarité avec les femmes.

Contre :

L’usage de la ville est différent pour les hommes et les femmes. Elles sont plus souvent dans l’espace public avec des enfants, des personnes âgées. Avec une poussette, entre voitures mal garées, trottoirs exigus, mal entretenus, c’est un parcours du combattant. Le même que celui des handicapés ou des personnes à mobilité réduite.

Si une femme porte des talons, même de 3 cm, fussent-ils Richelieu, les rues de Nîmes lui promettent à coup sûr une entorse, de la rue de la Madeleine les jours de pluie aux calades de la place des arènes.

Veut-elle satisfaire un besoin naturel ? Elle doit affronter les rares WC publics autonettoyants. Peu engageants, inadaptés si l’on porte plusieurs sacs ou selon les vêtements. Ou bien utiliser les toilettes payantes des centres commerciaux ou des bars.

Pour :

Souvent, dans les cours d’école, 20 % des garçons s’approprient 80 % de la surface pour jouer au foot. Pour y remédier, de nombreuses villes, comme Trappes, Rennes ou Grenoble, aménagent l’espace de manière équitable entre tous les enfants, avec des cours de récré "dégenrées". Nîmes pourrait s’en inspirer, afin de favoriser l’égalité filles-garçons et changer les représentations. La précarité touche 10 000 femmes à Nîmes. Ville, associations et entreprises se sont unies à la rentrée 2021 contre la précarité hygiénique.

Contre :

Le nom même de Nîmes vient du latin Nemausus, nom masculin. Depuis plus de 2000 ans, l’espace urbain a été conçu et aménagé essentiellement par des hommes. La Maison carrée est dédiée aux Princes de la jeunesse. Les arènes accueillent des combats de gladiateurs. Les Jardins de la Fontaine, c’est l’architecte Maréschal. Le chemin de fer, c’est Paulin Talabot. Les Zup c’est l’architecte Arsène Henry. Le Carré d’art est dû à Sir Norman Foster. Depuis 1789, aucune femme n’a été élue maire.

Pour :

Le Musée de la romanité a été conçu par l’architecte Elizabeth de Portzanparc. À Nîmes, des femmes sont à la tête du service de l’urbanisme, de la médiathèque Carré d’art, du Musée du Vieux Nîmes …

Contre :

Mais la seconde de la liste électorale de JP. Fournier en 2020 n’est pas devenue la première adjointe du maire …. Et après des élections paritaires, il faut attendre le 12ème poste de vice-président de Nîmes métropole pour trouver une femme dans cette fonction. Elles sont deux vice-présidentes sur un total de 15 !

Sans conclure

Peut-on agir dès aujourd’hui pour changer la place et le rôle des femmes dans la ville, sachant que les aménagements du présent le sont aussi et d’abord pour les générations à venir ? Et vous, qu’en pensez-vous ?