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Autosuffisance alimentaire : bonne ou mauvaise idée ?

L’expérience du confinement a mis en lumière une préoccupation grandissante : favoriser les circuits courts. Les ventes à la ferme, les livraisons de paniers ont connu un bel essor. La sortie du confinement a néanmoins marqué le retour des vieilles habitudes.

En France des villes comme Albi, Rennes, Orléans, Angoulême, La Rochelle ont engagé des politiques ou des réflexions visant à garantir un certain niveau d’autosuffisance dans un périmètre d’agglomération ou de bassin de vie. Mais est-ce véritablement crédible et pertinent ?

Côté pour :

Les objectifs poursuivis sont multiples : réduire l’impact carbone du transport, sécuriser l’approvisionnement en cas de crise, garantir la qualité des produits consommés, soutenir l’emploi local.  Le circuit court permet de connaître les producteurs et leurs modes de production. Cela garantit des produits de saison et évite les importations aux qualités parfois douteuses. Les contrats d’approvisionnement des cantines des collectivités sont des atouts pour préserver l’emploi local, pérenniser les exploitations existantes, favoriser l’installation de jeunes agriculteurs.

Côté contre :

En fait 57 % des gaz à effet de serre (GES) sont émis dans la phase de production et seulement 17 % dans le transport. En production, la principale source d’émissions de méthane est l’élevage (45%), le protoxyde d’azote provient des apports azotés sur les sols (41%, ), et les émissions de CO2 (14%) résultent des consommations d’énergie fossile des engins agricoles et des bâtiments d’exploitation. ll ne faut pas se limiter à regarder un périmètre géographique, mais plutôt privilégier les modes de production les plus économes. Faire venir de plus loin un produit cultivé en agroécologie offre un meilleur bilan qu’un produit local issu de l’agriculture conventionnelle.

Côté pour :

Viser un certain niveau d’autosuffisance présente aussi l’avantage d’obliger les collectivités à se fixer des objectifs de préservation des terres agricoles, en particulier celles qui ont une bonne valeur agronomique ou bien qui disposent d’un système d’irrigation. Pour faire face à la croissance démographique de la planète, il est impératif de préserver nos surfaces agricoles utiles. Il est impératif de changer notre vision des plans d’urbanisme qui considère que les terres agricoles sont des réserves de terrains à bâtir.

Côté contre :

Les productions agricoles répondent à une autre obligation : elles doivent être adaptées au climat, à la nature des sols, aux ressources en eau. Une spécialisation est positive lorsqu’elle permet d’économiser des ressources, en particulier en eau. Le changement climatique nous annonce des étés très secs, il ne sera pas possible de produire sur tous les territoires tous les produits nécessaires à la consommation d’une population.

Sans conclure :

L’autosuffisance alimentaire ne doit pas être considérée comme un objectif absolu. Renforcer l’autosuffisance alimentaire d’un territoire est une orientation qui doit se décliner dans toutes les politiques économiques et d’aménagement du territoire d’une cité.

Une réflexion sur cet enjeu à l’échelle du territoire de Nîmes Métropole serait particulièrement bienvenue. Qu’en pensez-vous ?